
Le succès d’un projet biométrique au Québec ne repose pas sur la performance de la technologie, mais sur la solidité de sa justification légale face à la Commission d’accès à l’information (CAI).
- La loi québécoise exige une preuve de nécessité impérieuse pour collecter des données biométriques, la simple commodité étant un motif systématiquement rejeté.
- Le risque associé à une fuite de données biométriques est permanent et irrémédiable, contrairement à un mot de passe ou un badge qui peuvent être révoqués.
Recommandation : Réalisez une Évaluation des Facteurs relatifs à la Vie Privée (ÉFVP) exhaustive avant même de contacter le moindre fournisseur. C’est votre seule garantie de conformité.
Pour tout directeur de la sécurité ou DSI, la promesse du contrôle d’accès biométrique est séduisante : transformer le corps humain en une clé unique, infalsifiable et impossible à perdre. Fini les badges oubliés, les mots de passe partagés ou les cartes volées. L’empreinte digitale, le visage ou l’iris deviennent les garants ultimes de la sécurité des zones les plus critiques de l’entreprise. Cette vision d’un futur sans friction où la sécurité est absolue gagne rapidement du terrain, et de nombreuses organisations québécoises étudient sérieusement le passage à ces technologies de pointe.
Pourtant, cette apparente simplicité cache une complexité redoutable, particulièrement au Québec. Le cadre réglementaire, renforcé par la Loi 25 et interprété de manière très stricte par la Commission d’accès à l’information (CAI), place la barre exceptionnellement haut. La conversation technique sur la précision des capteurs ou la vitesse d’identification est rapidement éclipsée par des questions juridiques et éthiques bien plus fondamentales. Il ne s’agit plus seulement de savoir si une technologie fonctionne, mais si son usage est proportionnel, nécessaire et justifiable.
Cet article n’est pas un catalogue de solutions biométriques. C’est une analyse de risque destinée aux décideurs. Nous allons dépasser la discussion technologique pour nous concentrer sur le véritable enjeu au Québec : la justification. Nous verrons comment évaluer la fiabilité réelle d’un système, décrypterons le cadre légal qui fait échouer tant de projets, comparerons les technologies sous l’angle de leur acceptabilité légale et évaluerons les risques bien réels du leurre et du vol de données. L’objectif : vous donner les clés pour déterminer si la biométrie est une solution viable pour vous, ou un piège juridique coûteux.
Pour naviguer cette analyse complexe, voici les points essentiels que nous aborderons. Chaque section est conçue pour répondre à une question critique que tout décideur doit se poser avant d’investir dans un système de contrôle d’accès biométrique au Québec.
Sommaire : Comprendre les enjeux du contrôle d’accès biométrique au Québec
- Faux rejet, fausse acceptation : les deux chiffres à connaître pour juger de la fiabilité d’un lecteur biométrique
- Le cadre légal de la biométrie au Québec : ce que vous devez absolument savoir avant de vous lancer
- Empreinte, visage, iris : le match des technologies biométriques pour votre contrôle d’accès
- Peut-on tromper un lecteur biométrique ? Le point sur les attaques par leurre (« spoofing »)
- Que se passe-t-il si votre base de données d’empreintes digitales est volée ?
- Badge, empreinte digitale ou smartphone : quelle est la meilleure clé pour votre entreprise ?
- Où avez-vous le droit d’installer des caméras (et où est-ce totalement interdit) ?
- Contrôle d’accès : la stratégie pour protéger vos zones critiques sans entraver le travail
Faux rejet, fausse acceptation : les deux chiffres à connaître pour juger de la fiabilité d’un lecteur biométrique
Avant même d’aborder les aspects légaux, il est crucial de déconstruire le mythe de l’infaillibilité technologique. Aucun système biométrique n’est parfait à 100 %. Sa performance ne se résume pas à sa vitesse de reconnaissance, mais à deux indicateurs de risque fondamentaux : le Taux de Fausse Acceptation (FAR) et le Taux de Faux Rejet (FRR). Comprendre ces deux métriques est la première étape de toute analyse de risque sérieuse.
Le FAR (False Acceptance Rate) mesure la probabilité qu’une personne non autorisée soit identifiée à tort comme une personne autorisée. C’est le risque de sécurité le plus critique. Un FAR élevé signifie que votre système est une passoire. À l’inverse, le FRR (False Rejection Rate) mesure la probabilité qu’une personne autorisée soit rejetée par le système. Un FRR élevé n’est pas un risque de sécurité, mais un problème opérationnel majeur : il crée de la frustration, des files d’attente et une perte de productivité, poussant les employés à chercher des contournements.
Le défi est que ces deux taux sont inversement corrélés. En resserrant les paramètres de sécurité pour réduire le FAR, vous augmentez mécaniquement le FRR, et vice-versa. Le « réglage » parfait est un compromis délicat qui dépend de votre contexte. Pour une salle de serveurs, un FAR quasi nul est non négociable, quitte à accepter un FRR plus élevé. Pour l’entrée principale d’un bureau, un FRR trop élevé serait intenable au quotidien. Cette banalisation technologique pousse de plus en plus d’entreprises à s’y intéresser, comme en témoigne la hausse de 60% des déclarations d’utilisation de la biométrie à la CAI en 2023-2024. Il est donc impératif de demander aux fournisseurs ces deux chiffres, certifiés par des tiers, pour juger objectivement de leur adéquation à vos besoins spécifiques.
Le cadre légal de la biométrie au Québec : ce que vous devez absolument savoir avant de vous lancer
C’est ici que la plupart des projets biométriques au Québec échouent. L’enthousiasme technologique se heurte à un mur réglementaire particulièrement rigide. Le principe directeur de la Commission d’accès à l’information (CAI) est clair et non négociable : la collecte de renseignements biométriques doit être nécessaire, et non simplement utile ou pratique. Cette nuance est fondamentale et souvent sous-estimée.

La CAI a formalisé sa position dans son guide d’accompagnement, une lecture obligatoire pour tout DSI. Elle y énonce un principe qui doit guider toute votre réflexion :
L’utilité et la commodité (c’est plus simple, c’est plus pratique) ne justifient pas la collecte de caractéristiques ou de mesures biométriques.
– Commission d’accès à l’information du Québec, Guide d’accompagnement pour les organismes et les entreprises
Cela signifie que vous devez être en mesure de prouver que vous faites face à un problème de sécurité si grave et si spécifique que les moyens traditionnels (badges, codes, clés) sont objectivement insuffisants. Le simple fait de vouloir « moderniser » ou « simplifier » la gestion des accès est un motif qui sera systématiquement rejeté. Le fardeau de la preuve repose entièrement sur l’entreprise, et il est lourd.
Étude de cas : l’échec de Transcontinental face à la CAI
Un exemple frappant de cette exigence est la décision concernant Imprimeries Transcontinental. En septembre 2024, la CAI a ordonné à l’entreprise de cesser d’utiliser la reconnaissance faciale pour le contrôle d’accès de ses employés. Et ce, même si le système était en place depuis quatre ans et que les employés avaient consenti. L’entreprise n’a pas réussi à démontrer de manière convaincante la nécessité de recourir à une mesure aussi intrusive, prouvant que le consentement seul ne suffit pas et que les standards québécois sont parmi les plus élevés au monde.
Empreinte, visage, iris : le match des technologies biométriques pour votre contrôle d’accès
Une fois le cadre légal en tête, le choix de la technologie n’est plus seulement une question de performance, mais aussi d’acceptabilité et de pertinence contextuelle. Chaque modalité biométrique présente des avantages et des inconvénients spécifiques, qu’il faut analyser à travers le prisme des contraintes opérationnelles et juridiques québécoises. L’empreinte digitale, la reconnaissance faciale et le scan de l’iris sont les trois technologies les plus courantes, chacune avec un profil de risque distinct.
L’empreinte digitale est la technologie la plus mature et la plus abordable. Sa fiabilité est élevée et elle est socialement bien acceptée. Cependant, elle présente des défis majeurs dans certains contextes québécois : elle fonctionne mal avec des doigts mouillés, sales, ou usés par le travail manuel (construction), et devient impraticable en hiver lorsque les employés portent des gants. Le scan de l’iris, quant à lui, offre un niveau de précision et de sécurité quasi inégalé. Il n’est pas affecté par le port de lunettes ou de lentilles et reste l’une des technologies les plus difficiles à tromper. Son coût très élevé et une certaine réticence psychologique des employés (« on me scanne l’œil ») sont ses principaux freins.
Enfin, la reconnaissance faciale, popularisée par les smartphones, offre une expérience sans contact rapide et intuitive. C’est toutefois la technologie la plus controversée sur le plan légal au Québec, car considérée comme particulièrement intrusive et susceptible de surveillance de masse. Son déploiement nécessite une justification de nécessité encore plus solide que pour les autres modalités. Le tableau suivant synthétise ces éléments pour éclairer votre décision.
| Technologie | Avantages | Défis au Québec | Coût relatif |
|---|---|---|---|
| Empreinte digitale | Fiabilité élevée, technologie mature | Problématique en hiver avec gants, secteur construction | Modéré |
| Reconnaissance faciale | Sans contact, rapide | Restrictions légales strictes, acceptabilité sociale | Élevé |
| Scan de l’iris | Très haute précision, fonctionne avec équipements de protection | Coût d’implémentation, acceptation employés | Très élevé |
| Géométrie de la main | Moins intrusif selon la CAI | Encombrement physique, précision moindre | Modéré |
Peut-on tromper un lecteur biométrique ? Le point sur les attaques par leurre (« spoofing »)
La sécurité d’un système biométrique ne repose pas seulement sur sa capacité à identifier correctement les personnes, mais aussi sur sa résistance aux tentatives de fraude. L’une des menaces les plus significatives est l’attaque par leurre, ou « spoofing ». Cette technique consiste à présenter au capteur une fausse caractéristique biométrique – une empreinte digitale en gélatine, une photo haute résolution du visage d’un employé, ou une lentille de contact imprimée avec un motif d’iris – pour tromper le système et obtenir un accès non autorisé.
La sophistication de ces attaques a considérablement augmenté. Les premiers lecteurs d’empreintes étaient facilement dupés par des copies basiques. Aujourd’hui, les meilleurs systèmes intègrent des technologies de « détection du vivant » (liveness detection) qui vérifient des signes physiologiques comme le pouls, la conductivité de la peau ou le clignement des yeux pour s’assurer que la caractéristique présentée est bien celle d’une personne vivante et présente. Cependant, aucune de ces contre-mesures n’est infaillible, et la course à l’armement entre les fraudeurs et les fabricants de technologies est constante.
Le risque est d’autant plus grand que l’usage de la biométrie explose, multipliant les cibles potentielles. Les données de la Commission d’accès à l’information révèlent un quasi-quintuplement des déclarations entre 2020-2021 (28) et 2023-2024 (124). Face à cette popularité croissante, le risque d’une attaque réussie n’est plus théorique, et ses conséquences peuvent être désastreuses. Comme le souligne un expert, la menace peut aussi venir de l’intérieur.
Une fuite de l’intérieur comme celle qu’on a vue chez Desjardins pourrait mettre les données de milliers ou de millions de Québécois à risque.
– Sébastien Gambs, Expert en sécurité cité par La Presse
Que se passe-t-il si votre base de données d’empreintes digitales est volée ?
C’est le scénario catastrophe que tout DSI doit envisager. Contrairement à un mot de passe, un badge ou une clé, une caractéristique biométrique est permanente et irrémédiable. On ne peut pas « changer » son empreinte digitale ou son iris comme on réinitialise un mot de passe. Le vol de gabarits biométriques — les représentations numériques de vos caractéristiques physiques — crée donc un préjudice à vie pour les personnes concernées. Leurs données uniques peuvent être utilisées pour usurper leur identité sur d’autres systèmes, aujourd’hui ou dans dix ans.
Cette nature irrémédiable explique pourquoi la protection de ces bases de données est au cœur des préoccupations de la Loi 25. Les gabarits biométriques ne doivent jamais être stockés sous une forme brute. Ils doivent être transformés via des algorithmes de hachage et de chiffrement robustes, rendant leur exploitation quasi impossible même en cas de vol. De plus, les meilleures pratiques recommandent de ne jamais centraliser la base de données. Idéalement, le gabarit devrait être stocké localement sur un support contrôlé par l’employé, comme une carte à puce personnelle, minimisant ainsi les risques d’une fuite massive.
Si, malgré toutes les précautions, un incident de sécurité survient, la loi québécoise impose un protocole de réponse strict et rapide. Ne pas le suivre expose l’entreprise à des sanctions sévères. Il ne s’agit pas seulement de colmater la brèche, mais de gérer la crise de manière transparente et responsable envers les personnes dont l’identité est désormais potentiellement compromise à vie.
Plan d’action en cas d’incident de sécurité biométrique au Québec
- Confiner la brèche : Isoler immédiatement les systèmes affectés pour empêcher la poursuite de l’exfiltration des données.
- Évaluer le préjudice : Analyser la sensibilité des données compromises et le risque de préjudice sérieux pour les personnes concernées.
- Déclarer à la CAI : Aviser sans délai la Commission d’accès à l’information de tout incident présentant un risque de préjudice sérieux.
- Notifier les personnes : Informer de manière claire et transparente chaque personne concernée, en expliquant la nature de l’incident et les mesures prises.
- Documenter l’incident : Tenir un registre détaillé de l’incident, des actions entreprises et des mesures correctives mises en place pour éviter sa récurrence.
Badge, empreinte digitale ou smartphone : quelle est la meilleure clé pour votre entreprise ?
La biométrie n’est pas la seule option pour un contrôle d’accès moderne. Avant de vous lancer dans un projet complexe et juridiquement risqué, le principe de proportionnalité imposé par la loi québécoise vous oblige à évaluer sérieusement les alternatives. Le badge, le smartphone ou même une combinaison de facteurs (multifacteur) peuvent souvent répondre aux besoins de sécurité sans présenter le même niveau d’intrusion dans la vie privée.
Le badge d’accès (carte RFID/NFC) reste la solution la plus répandue. Peu coûteux, facile à gérer et non intrusif, il est parfaitement adapté à la plupart des environnements de bureau. Son principal inconvénient est le risque de perte, de vol ou de prêt, mais ce risque peut être atténué par des politiques claires et des procédures de révocation rapides. Le smartphone est devenu une alternative de plus en plus populaire. En utilisant des technologies comme le Bluetooth Low Energy (BLE) ou le NFC, il transforme le téléphone de l’employé en un badge d’accès virtuel. C’est une solution pratique et généralement bien acceptée, bien qu’elle soulève des questions si l’entreprise n’a pas de politique d’appareils mobiles (BYOD).

La meilleure stratégie consiste souvent à ne pas opposer ces technologies mais à les combiner. L’authentification multifacteur (MFA), qui requiert par exemple un badge ET un code PIN, ou un smartphone ET une empreinte digitale (vérifiée localement sur le téléphone), augmente drastiquement la sécurité sans forcément recourir à une base de données biométriques centralisée. La jurisprudence québécoise est claire : si une alternative moins intrusive permet d’atteindre l’objectif de sécurité, elle doit être privilégiée.
Étude de cas : le projet de reconnaissance faciale de Metro rejeté
L’enseigne Metro souhaitait déployer un système de reconnaissance faciale pour identifier les individus ayant déjà commis des vols à l’étalage. Bien que l’objectif de sécurité soit légitime, la CAI a rejeté le projet en 2024. Elle a jugé que l’entreprise n’avait pas suffisamment démontré l’inefficacité des moyens existants (agents de sécurité, caméras traditionnelles, etc.). Ce cas illustre parfaitement que même face à un problème réel, la biométrie ne sera approuvée que si elle est la solution de dernier recours, et non la plus pratique.
Où avez-vous le droit d’installer des caméras (et où est-ce totalement interdit) ?
La question de la vidéosurveillance est intimement liée à celle de la biométrie, notamment avec l’essor de la reconnaissance faciale. Une erreur commune est de penser que l’on peut réutiliser un parc de caméras de sécurité existant pour y greffer une fonction d’identification biométrique. Or, sur le plan légal, il s’agit de deux finalités complètement distinctes qui nécessitent des consentements et des justifications séparées.
Au Québec, la vidéosurveillance sur les lieux de travail est déjà strictement encadrée. Son objectif doit être légitime, important et réel, comme la prévention du vol ou la sécurité des employés. Surtout, elle ne doit être utilisée que si aucune autre méthode moins intrusive n’est disponible. La surveillance doit être ciblée sur des zones à risque (entrepôts, caisses, entrées) et non généralisée. L’installation de caméras est formellement interdite dans les lieux où les employés ont une attente raisonnable de vie privée, tels que les toilettes, les vestiaires ou les salles de pause. Le non-respect de ces règles constitue une atteinte à la vie privée sanctionnée par la Charte des droits et libertés.
Ajouter une couche de reconnaissance faciale à ces caméras constitue une nouvelle collecte d’information biométrique. Cela exige de refaire tout le processus de justification auprès de la CAI : prouver la nécessité impérieuse, obtenir un consentement exprès et spécifique pour cette nouvelle finalité, et réaliser une Évaluation des Facteurs relatifs à la Vie Privée (ÉFVP). Utiliser des images captées pour une finalité (sécurité générale) pour une autre finalité (identification biométrique) sans consentement est illégal. La convergence de ces technologies augmente les risques, mais pas les droits de l’entreprise.
À retenir
- La performance d’un système biométrique se mesure avec le Taux de Fausse Acceptation (FAR) et le Taux de Faux Rejet (FRR) ; la perfection à 100 % n’existe pas.
- Au Québec, la justification de la biométrie repose sur une preuve de nécessité impérieuse. La simple commodité ou l’amélioration des processus sont des motifs de rejet systématiques par la CAI.
- Une donnée biométrique volée est compromise de manière irrémédiable. Ce risque permanent impose des mesures de sécurité et un plan de réponse aux incidents bien plus stricts.
Contrôle d’accès : la stratégie pour protéger vos zones critiques sans entraver le travail
Mettre en place une stratégie de contrôle d’accès efficace ne se résume pas à choisir la technologie la plus avancée. Il s’agit de trouver le juste équilibre entre un niveau de sécurité adapté aux risques réels et la fluidité des opérations quotidiennes. Une approche trop laxiste crée des failles, tandis qu’un système trop contraignant pousse les employés au contournement et nuit à la productivité. La meilleure stratégie est une approche par couches, basée sur une analyse de risque rigoureuse de vos différentes zones.
Commencez par cartographier vos locaux et classez chaque zone selon son niveau de criticité. L’entrée principale, la salle des serveurs, le laboratoire de R&D ou le bureau de la direction n’ont pas les mêmes exigences. Appliquez ensuite le principe de moindre privilège : chaque employé ne doit avoir accès qu’aux zones strictement nécessaires à l’accomplissement de ses fonctions. Cette segmentation est la base d’une défense en profondeur. Pour les zones à faible risque, un simple badge peut suffire. Pour les zones sensibles, une authentification multifacteur (badge + PIN) offre un excellent compromis. La biométrie ne devrait être envisagée que pour les zones ultra-critiques, et seulement après avoir documenté l’échec ou l’insuffisance des autres méthodes.
Cette approche mesurée est non seulement plus efficace, mais elle est aussi la seule défendable devant les autorités québécoises. En cas de contrôle, vous devrez prouver que vous avez agi avec proportionnalité. Ne pas le faire vous expose à des risques financiers considérables, bien au-delà du coût du système. Les sanctions maximales prévues peuvent atteindre 25 millions de dollars ou 4 % du chiffre d’affaires mondial. La stratégie n’est donc pas une option, c’est une assurance contre des pénalités potentiellement dévastatrices.
Pour sécuriser votre projet de contrôle d’accès et garantir votre conformité avec la Loi 25, l’étape initiale et non négociable est de réaliser une Évaluation des Facteurs relatifs à la Vie Privée (ÉFVP) complète. C’est ce document qui constituera le socle de votre argumentation face à la CAI et la véritable clé du succès de votre déploiement.
Questions fréquentes sur le contrôle d’accès biométrique
Où est-il formellement interdit d’installer des caméras au Québec?
L’installation de caméras est formellement interdite dans les toilettes, les vestiaires, les salles de pause et tout autre lieu où les employés ont une expectative raisonnable de vie privée, conformément à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.
Peut-on utiliser des caméras existantes pour de la reconnaissance faciale?
Non, pas directement. La reconnaissance faciale est considérée comme une nouvelle collecte de renseignements biométriques pour une nouvelle finalité. Cela exige une justification de nécessité distincte, une Évaluation des Facteurs relatifs à la Vie Privée (ÉFVP) et l’obtention d’un consentement exprès et spécifique des personnes concernées, même si elles avaient déjà consenti à la vidéosurveillance générale.
Quels sont les 5 points obligatoires de conformité?
Pour la vidéosurveillance, les cinq obligations minimales sont : 1) un affichage clair informant de la présence de caméras avant d’entrer dans la zone filmée, 2) une politique interne documentée encadrant l’usage, 3) un accès restreint aux enregistrements, 4) une durée de conservation des images la plus courte possible, et 5) une déclaration à la CAI si le système est utilisé pour des fins d’identification biométrique.